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La condition des choses

Projet de six mois dans le cadre de la résidence internationale du Conseil des Arts du Canada
SPACE Studios, Londres, R-U
mars > août 2012
Cliquez tcot.ca pour voir le blogue du projet (anglais).
The condition of things
un livre
Sowing litter – une vidéo
Cone spin – une vidéo
La lecture de Daniel Canty – une vidéo
Squeaking gate – une vidéo
Floating city – une vidéo

Cette exploration de l’esthétique pragmatique* dans le paysage urbain porte sur la notion d’entretien, un entretien qui se manifeste ici sous forme de ramassage, de triage, d’organisation et de réparation des objets indésirables, usagés et jetés qui s’accumulent dans les recoins du paysage urbain. Ces recoins prennent la forme de lieux périphériques, négligés et sous-estimés, et ce en dépit de leur visibilité. Ceux-ci comprennent d’ordinaire des couches de négligence, visibles dans l’accumulation des restants de notre vie contemporaine bien emballée.

Je fouille dans ces recoins et enlève les couches de restants dans le but de faire voir la condition des choses. La condition des choses peut être perçue de deux façons. L’une est d’accepter la condition comme étant naturelle : la négligence existe et comporte une valeur esthétique, son existence découle de forces naturelles, d’une neutralisation entropique d’énergies. Dans cette perspective, il n’y a pas d’intervention possible et on laisse le cours naturel des choses prendre le dessus. La seconde façon de voir cette situation est de reconnaître la condition des choses comme étant artificielle : la négligence est contrôlable et la valeur esthétique est modifiée et améliorée quand on déploie des efforts dans le but d’y établir une semblance d’ordre.

Dans le contexte urbain, où ce type d’action passe facilement inaperçu, travailler une parcelle de terre très visible exerce un attrait précaire. Je me sens aussi invisible et anonyme que les détritus ramassés. J’identifie et fais voir ce rapport anonyme à la condition des choses par le travail effectué sur les lieux choisis.
Une fois l’entretien effectué et les matériaux indésirables enlevés, je fais une contribution au lieu sous forme d’amphore creuse moulée en cire d’abeille. L’amphore, ancêtre du trophée contemporain, était à l’origine un objet jetable. Une fois que sa fonction était remplie, on cassait l’amphore en morceaux et l’enterrait dans des sites qui sont depuis devenus des tumulus de fragments de céramique, comme le Monte Testaccio, à Rome. L’amphore est le parent de la bouteille en plastique omniprésente d’aujourd’hui. Dans ce projet, l’amphore représente les éléments enlevés du site, et devient un trophée offert en reconnaissance des actions exécutées : un don éphémère et presque invisible qui finira inévitablement par disparaître sous de futurs déchets.

*L’esthétique pragmatique fait référence à l’apparence inhérente et évolutive des choses, objets, lieux et structures qui nous entourent, une apparence nécessairement dynamique en raison de l’utilisation humaine et du passage du temps.